Placide,
Fifi, l'Étincelle et Gitou sont 4 élèves du cours moyen ; les trois premiers
sont surnommés « les gangsters », car on ne compte plus leurs bêtises...
Celui qui
tout d'abord les vit, fut M. le curé ; son premier mouvement fut d'aller les
cueillir ; son second fut de rester. Il pensa
- Non, ce
n'est pas possible ! Ils sont mauvais. Les champignons comestibles ne s'offrent
pas ainsi à la main du pécheur. Bonne graine est rare ici-bas, et mauvaise
graine tôt venue.
Le second
passant fut une vieille miséreuse appelée Margaretoune. Elle les vit et grogna
- Non, ce
sont des champignons du diable qui veulent m'attraper. Je n'ai jamais eu de
chance, moi, et ce serait bien la première fois ! Le troisième fut M. Sabahu,
qui allait pêcher. Il se dit - Ce sont des bolets Satan ; cette saleté-là
pousse partout. Le directeur des services agricoles m'assurait encore, il y a
huit jours, que les cèpes ne naissent jamais dans les prés.
Le
quatrième passant fut une demoiselle de village endimanchée qui allait à une
noce. Elle vit bien que c'étaient de beaux et bons champignons, mais elle ne
voulut pas salir ses petits souliers et ses jolis bas de soie artificielle dans
l'herbe humide de rosée naturelle. Le cinquième fut le père Chalumeau, un vieil
avare toujours en procès avec Pierre et Paul. Il les reconnut, eut envie de les
cueillir. Mais apercevant son ennemi le meunier à la fenêtre du moulin, à deux
cents mètres de là, il n'osa pas entrer dans un pré lui appartenant, pour
cueillir son bien à sa barbe. Il projeta donc de les prendre en repassant.
Le sixième
fut Mâcle, l'homme le plus riche du pays, grand fabricateur de salaisons ; mais
il était fort myope, s'étant usé les yeux à compter ses jambons suspendus aux
solives, crainte qu'on ne lui en vole, et il crut qu'il s'agissait d'une
montagnette de terre brune, fraîchement poussée sur le pré par le nez d'une
taupe. Le septième fut un autre myope, un vieux berger qui s'était perdu la vue
à force de surveiller son troupeau de trop près ; en voyant ces taches brunes
sur l'herbe, il pensa :
- Tiens :
le meunier a donc déjà mis ses bêtes au pacage ?
Et les
huitième, neuvième, dixième et onzième furent nos gangsters. Ils allaient à la
chasse aux taupes, M. Sabahu leur en ayant demandé une pour sa prochaine leçon
de choses. En apercevant, de loin, les champignons le premier, Placide pensa :
- Ils ne valent rien. Je vais attraper l'Fifi. Il lui dit donc :
- Fifi, va
vite cueillir ces gros champignons. Fifi, méfiant, lui répondit :
- Et toi,
pourquoi n'y vas-tu pas ?
- Nous en
avons tellement mangé, dit Placide, que ma mère ne peut plus les voir en
peinture.
- Chez
nous, répondit l'Fifi, nous n'aimons que les champignons de Paris. Vas-y,
l'Étincelle.
- Non, dit
l'Étincelle, qui se tenait en garde aussi, qu'est-ce que nous en ferions ? Chez
nous, on mange en ce moment un pot de confit qui allait se gâter, et les
morceaux sont si gros qu'on ne peut pas mettre de légumes dans la poêle. Vas-y , Gitou,
ta mère sera bien contente.
En effet,
pensa le naïf Gitou, dont la malice avait parfois d'étranges assoupissements,
en effet, ma mère sera bien contente ! Et il y alla. Les autres, pouffant de
rire dans son dos, se donnant de grands coups de coude dans les côtes et se
tortillant de joie, menèrent une pantomine silencieuse jusqu'au moment où il
les eut cueillis. Alors, ils éclatèrent en dérision !
- Gitou !
Gitou ! Niguedouille ! Jean le Sot ! Te voilà bien attrapé ! Ce sont des
champignons du diable ! Non point : c'étaient de magnifiques cèpes. Gitou le
reconnut, comprit quel piège on avait cru lui tendre, et, les ayant mis dans
son tablier retroussé en besace, fila de toute la force de ses jambes. Il
filait ainsi parce qu'en d'analogues circonstances, il lui était advenu d'être
dépouillé de sa trouvaille, ou tout au moins réduit à la partager.
Les trois
gangsters restaient muets, cloués sur place de surprise. Quand Gitou eut pris
assez d'avance, il cria : - Ils sont bons ! Ils sont bons !
Alors les
gangsters se mirent à sa poursuite. Trop tard ! Il rentra dans sa maison comme
un rat dans son trou.
Les cèpes
pesaient trois livres. Le soir même, la famille Mesnier
pensa se régaler d'une omelette immense et délicieuse. Malheureusement, le père
de Gitou, en la retournant lui-même dans la poêle de peur que sa femme ne la
répande sur le plancher, la colla bravement au plafond.
Questionnaire
Pourquoi personne ne croit à l'excellence
des deux beaux champignons ?
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
Qui vit le premier les
champignons ?
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
Pourquoi « Margaretoune » ne
cueille pas les champignons ?
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
Pourquoi M. Sabahu ne ramasse pas les
cèpes ?
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
Pourquoi « Mâcle »
confond les champignons avec des
mottes de terre?
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
Pourquoi aucun « gangster » ne
veut aller cueillir les champignons ?
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
Pourquoi veulent-ils envoyer
Gitou ?
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
Pourquoi la famille Mesnier ne peut pas
se régaler d'une omelette immense ?
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
voir aussi :
Sara et monsieur Hiver ,Francais, Analyse de texte
voir aussi :
Sara et monsieur Hiver ,Francais, Analyse de texte